Isabelle, une femme de 58 ans, est décédée mardi soir. Malade et sans emploi, elle dormait dans sa voiture avec son compagnon, Emmanuel.

Froideur épouvantable des dépêches.

Nous sommes en 2018! Dans une start-up nation, un pays fasciné par le jeunisme, la réussite et le fric triomphant. Aucune place pour les gueux, les riens. Un pays replié sur ses peurs, ses angoisses, son égoïsme, sa peur de l'autre, sa terreur d'une déchéance possible.

Isabelle est morte donc, perte d'emploi, de logement, elle a quitté le champ de vision de cette société malade, mais c'est elle qui a péri.

Ce drame est insupportable. Des gens l'ont vue, des gens savaient, certains on fait ce qu'ils on pu, d'autres, trop nombreux ont ignoré l'appel!

Isabelle était sans doute leur mauvaise conscience, vision insupportable, révélateur impitoyable d'un avenir possible pour certains.

Comment ce pays dans lequel des milliardaires ne savent même plus comment dépenser leur argent, une femme s'est enfoncée dans la misère, la solitude avec son compagnon, l'isolement, la maladie, la mort!

Face à pareil évènement, à pareille destinée, à un si cruel destin, on aimerait trouver des mots définitifs, efficaces, capables de donner un peu d'espoir. Mais aucun ne vient, aucun n'est satisfaisant, exprimer l'inexprimable est une gageure face à laquelle j'échoue à mon cœur défendant. Impossible de dire la lourdeur de la tristesse, la noirceur du chagrin, la colère sourde face à cette fin tragique. Une vie effacée, un retour dans le silence.

Dans ce beau pays de France, on peut donc mourir de misère pour n'avoir trouvé aucune planche de salut, aucune chaleur, aucune aide, aucune bienveillance. Un tragique retour à la poussière, tout ce quil restera de nous également un jour.