Je suis Charlie
Charlie Hebdo attaqué... Mais pas que...
Indicible, inimaginable, monstrueux... Les mots sont inutiles, superflus, inadaptés, incapables de dire l'effroi, hors de toute mesure, hors de toute humanité. A l'heure où j'écris ces lignes, 12 personnes ont trouvé la mort dans les locaux du journal Charlie hebdo. C'est sans nul doute la liberté d'expression, la liberté de penser, l'indépendance d'esprit, le refus des dogmes et des dictats qui est visée. Barbarie, c'est le mot qui résume, nausée, c'est le corps qui réagit à l'ineffable.
Mon hommage est modeste mais je me dois de le rendre. Rien ne sera plus jamais comme avant dans ce pays. Nous devons nous unir, nous arcbouter sur ce qui nous rassemble, refuser le monde de peur et de haine dans lequel certains veulent nous enfermer. Nous nous appelons tous Charb, Wolinski, Cabu, Tignous, Maris et tous leurs collaborateurs lâchement abattus.
Qu'il me soit permis en conclusion de reprendre ce tweet pertinent: "Vous désiriez tuer Charlie Hebdo, vous venez de le rendre immortel".
Amis, ne laissons personne nous appeler à l'union, surtout pas ceux qui ont toujours œuvré pour nous diviser et qui voudraient regrouper le troupeau à leur bénéfice. L'union, la fraternité, c'est notre affaire, c'est notre volonté, ce doit être notre but, notre devoir. aucun mot d'ordre de qui que ce soit. Le seul qui vaille c'est "résistons".
Ne pas croire, malgré tous les hommages dont certains ne sont pas dénués d'arrière-pensées, que les dessinateurs de Charlie étaient le fruit de la démocratie, son expression sublimée. NON! Ces gens étaient l'exception, souvent impitoyables avec ceux qui aujourd'hui se veulent leurs plus ardents défenseurs. Ils étaient l'exception dis-je, rares combattants d'une liberté qu'on nous arrache chaque jour un peu plus. Ils étaient l'exception d'un système qui uniformise, catégorise, enferme et réduit au silence. Ne nous y trompons pas, Nombreux sont ceux qui ne sont pas Charlie, ne le seront jamais, mais ne cherchent qu'à assoir leur image sur le combat des autres. Ils étaient l'exception, la voix des derniers résistants, un courage têtu qui leur a coûté la vie, preuve que cette liberté est dangereuse pour certains, intolérable pour tous ces misérables qui ne pensent qu'à réduire l'humanité la petitesse de leur intelligence. soyons sans illusions amis du monde, ils vont être nombreux demain à faire leur le courage et la volonté farouche de ces dessinateurs. Voleurs de gloire, voleur d'intelligence, voleurs de grandeur, voleurs de vérité. Ils se feront une gloire de leur soutien tardif à ceux qui n'en voulaient pas, ils feront croire à une volonté qu'ils n'ont pas... Ils mentiront encore...
A tous mes amis, proches ou lointains, j'ai envie de dire ce soir : "ne vous laissez pas voler votre peine, votre indignation, votre colère peut-être: Ne laissez personne confisquer votre élan, votre compassion, vos enthousiasmes. Ils sont là partout, dans tous les médias, avec leurs discours convenus et leurs grands mots. Vous êtes dans la rue, mais soyez sans illusion, ce mouvement spontané, sincère, loyal, ils sont nombreux à vouloir le canaliser, le récupérer à leur bénéfice. Ne soyez pas naïfs, beaucoup de ceux qui aujourd'hui encensent les disparus sont souvent les mêmes qui hier s'agaçaient et condamnaient le ton et les exagérations du journal. Amis, ne soyez pas dupes, la liberté est un combat, notre combat. il nous appartient de résister: résister à toutes les menaces, toutes les agressions toutes les récupérations, tous les amalgames, les excès, les dérives. Que cette horrible histoire nous conforte dans notre volonté d'un monde différent. Nous devons, chacun à sa place, être les combattants de la liberté et de la fraternité." Nous sommes Charlie, nous sommes l'avenir, nous devons prendre la main sur ceux qui ont si mal su nous protéger.
L'acte odieux de ces deux fous furieux fait bien plus de 12 morts. Il brise des familles, il détruit un journal et une certaine idée de la liberté de pensée, il nuit à des millions de musulmans qui ne demandent rien de plus que de vivre en paix, il crée des fissures dans la société française. Il libère des paroles qu'on voudrait ne plus entendre, il justifie des actes injustifiables. Il va laisser derrière lui une cohorte de victimes, de blessures, mais aussi de rancœurs et de possibles désirs de vengeance. Cet acte est une atteinte majeure à la dignité et à l'humanité. Nous ne pouvons compter que sur nous-même Pour éviter le pire.
Ils ne gagneront que si nous nous taisons et si nous courbons l'échine. Ce soir, on a le sentiment réconfortant que ce qu'ils pensaient briser est toujours vivant. N'oublions donc jamais que ce soir, les gens se sont spontanément mobilisés pour exprimer dégoût et refus sans se tromper sur les responsables. Elle est là la solution: dans la fraternité et l'unité.
Il ´s'appelait Ahmed , il avait 42 ans . Il était policier et il a tenté d'interpeller les tueurs . Il a été abattu d'une balle dans la tête... Ne pas oublier non plus...
Puissions-nous comprendre que nous n'avons pas d'autre réponse que la fraternité.
Les manifestations prévues doivent rassembler des citoyens français épris de liberté, pas des militants ou encartés avec leur drapeau de chapelle. Les seuls drapeaux à brandir doivent être un hommage aux victimes...
Ne nous y trompons pas, les prises de position et les soutiens vont bien au-delà de Charlie hebdo. Nous défendons une certaine idée de la civilisation et condamnons la négation de notre liberté. Debout les hommes...
Attaque de Charlie Hebdo:
Première étape le drame:
Seconde étape la récupération:
Attendez-vous au pire...
Regardez comment explose une société et comment meurt une civilisation... Chanceux que nous sommes, nous avons ça en direct, nous en sommes acteurs et spectateurs...
Même pas peur!
Au cas où ça ne serait pas assez clair, je suis athée, je ne crois pas en dieu ni au diable d'ailleurs. j'ai toujours entretenu avec les croyants des liens de fraternité pourtant. Comme disait Louis Aragon "Vous voudriez au ciel bleu croire, je le connais ce sentiment, j'y crois moi aussi par moments, comme l'alouette au miroir"
Je n'ai pas la foi qui va au delà du miroir, ainsi croyants et gens de ma sorte, libres penseurs, restons chacun sur des rives différentes de l'humanité. Frères et différents, reliés tout de même par la foi en l'homme qui nous sert de pont qui scelle notre fraternité. Aujourd'hui mon cœur saigne parce que la foi de certains s'est transformé en haine totalitaire, le prosélytisme se fait maintenant l'arme au poing, je ne veux pas voir dépasser une burka, on vous communiquera l'heure de vos prières, rompez les rangs!
Ceux qui agissent ainsi ont perdu le sens de la vie, leur intolérance brandie comme viatique il tuent au nom d'un livre qui érige l'amour en vertu première, ils font contre sens de même manière que les franquistes de la guerre d'Espagne, Viva la muerte! Les fascismes se rejoignent tous dans l'absurdité.
Dès que l'amour quitte le coeur de l'homme, que sa vie a été trop niée que sa place dans la société de ses frères ne lui a jamais été reconnue, plus rien n'a de sens. Il n'est plus capable de voir que la dérision le sarcasme, l'impertinence sont des preuves d'amour. Il n'est plus en capacité de comprendre qu'on ne se moque que des gens qu'on aime, que des gens pour lesquels on a au moins de l'empathie, le rire s'adresse à la part d'humanité qu'il y a en chacun de nous, même s'il irrite il n'est pas destiné à faire mal, juste à aider chacun à relativiser l'importance des choses, du sacré, des convictions...
Le monde de l'argent domine toute la planète et il a besoin de diviser les pauvres pour mieux régner, pour emporter encore plus de parts de marchés. Dans cette logique implacable qui dure depuis des centaines d'années, au fil des luttes la République a fini par s'imposer, elle a conquis le droit de vote, elle a donné aux religions la liberté de culte et aux non croyants la liberté de ne pas croire.
Elle a permis aux exploités de conquérir à force de combats le droit de vivre un peu mieux... On s'est battu ici pour la liberté de la presse, là pour la fin du colonialisme ou contre le racisme. Malgré bien des convulsions de fraternité de 36 à 68 chandelles, la même République garantie aussi hélas, la liberté de faire fortune en laissant sur le bord de la route plus de 9 millions de pauvres.
Des trois piliers sur lesquels elle repose le plus fragile c'est celui de l'Egalité.
Les deux autres ne pourront à eux seuls supporter tout l'édifice.
Comment parler de Fraternité a celui qui survit au chomage dans un ghetto appelé pudiquement cité sensible, à celui que l'on reconduit à la frontière, a celui qui se noie en Méditerranée parce que l'Europe toute entière refuse de lui tendre la main. Comment parler de Liberté à celui qui est enfermé dans un camp de rétention, dont on brule les affaires avant de l'expulser vers son pays de misère.
Quelle Egalité quand tout ceux là qui nous demandent notre solidarité sont ignorés, pire stigmatisés par des discours de haine. La bonne conscience des cons n'a pas changé son logiciel depuis 1940. La peur de la différence, la peur de l'étranger, la peur de la subversion, de l'humour... Décidément tous les fascismes se rejoignent!
Après que les fanatiques religieux aient déchargés leurs armes sur nos camarades du parti d'en rire, du parti de l'impertinence, voilà que dans l'odeur de la mort, alors que nous n'arrivons pas à sécher nos larmes, voila que monte déjà le discours imperturbable des ennemis de la liberté. Marine et sa clique entonnent l'air de la stigmatisation, le doigt immonde désigne déjà l'immigration et donc l'immigré. Les solutions sont déjà engagées dans la culasse, elles visent toutes les libertés, police partout, justice nulle part. Il y a des mots qui sont pires que des balles.
Demain matin j'irai à Manosque manifester pour barrer la route à la haine, pour la fraternité, avec la liberté et toujours plus d'égalité, pour que mes frères de l'autre rive de l'humanité puisse continuer de prier à la mosquée, à l'église ou au temple et que je puisse librement continuer de me passer de dieu et du miroir aux alouettes...
Je vous embrasse...
"Je suis très en colère. Cela n'a rien à voir avec l'islam. Ils ont perdu leur âme, vendu leur âme à l'enfer. Nous pleurons tous, toutes les familles françaises pleurent, a déclaré Hassen Chalghoumi, imam de Drancy. (...) J'appelle les pouvoirs publics à être fermes. Ils n'assassinent pas que la liberté, ils assassinent des vies. On n'est pas d'accord avec Charlie Hebdo ? Le dessin par le dessin, mais pas par le sang, pas par la haine".
"J'espère que les Français seront tous ensemble, solidaires, et sauront ne pas faire l’amalgame avec l'islam", termine ce partisan du dialogue inter-religieux. "Montrons nous tous solidaires, forts."