Grève politique: la bonne blague!
a ministre Borne (qui souvent les dépasse) peste contre les cheminots qui mèneraient selon elle une grève "politique".
Outre le fait qu'on ne peut qu'être affligé de tant de platitude, de ce discours mille fois répété par tous les pouvoirs pour décrédibiliser les mouvements sociaux, on peut s'arrêter un instant sur ce qualificatif.
Oui madame la ministre, les cheminots mènent une grève politique. Quand, face à un pouvoir qui se camoufle derrière la prétendue décision démocratique d'une assemblée à sa botte, les ouvriers cessent le travail, quand cette extrémité est la dernière qu'il leur reste pour faire entendre leur voix, quand ils prennent conscience du caractère faussement démocratique de décisions qui les concernent et les contraignent, quand, ce faisant, ils entrent en résistance, alors oui, leur action est politique. La politique, la seule, que peut mener le peuple qui n'a pas les outils de la décision mais sait fort bien qu'il en sera la victime.
Le grève des cheminots est éminemment politique: que voudriez-vous qu'elle fut d'autre madame Borne? Il est vrai que vous attendez du peuple qu'il sache se tenir, vous voulez bien des manifestations, mais dans les règles: dans vos règles. Comme didait Coluche en substance, vous nous octroyez le droit de dire notre mécontentement, mais à la condition expresse de le dire poliment et gentiment. Vous aimez vous aussi les manifestations "bon enfant", les chansons, les ballons, les défilés colorés que vos soutiens s'ingénient quand même à minimiser et à perturber.
Mais voila, je crois que cette version kermesse de la protestation est elle asussi d'une autre époque. Face à la violence du pouvoir, de votre pouvoir, il faut que le mouvement ouvrier en arrive à plus de radicalité, plus d'entêtement, plus d'obstination, plus de volonté de renverser l'ordre que vous établissez.
Alors oui, vue sous cet angle, la grève, en ce qu'elle exprime un ras le bol infini et une volonté de ne rien céder et de faire changer l'ordre des choses est un acte politique.
Ne vous en déplaise!