Graves anomalies détectées sur les piscines de combustibles de 8 réacteurs français


Le Réseau “Sortir du nucléaire” a reçu, analysé et publié aujourd’hui des documents internes à EDF et à l’IRSN qui font état d’anomalies sur les piscines de combustible des réacteurs nucléaires de Paluel, Flamanville et Saint-Alban. Des anomalies qui pourraient avoir de graves conséquences en cas de séisme.

 

Voir l’intégralité des documents publiés

 

 

Une anomalie sur les canalisations des piscines …

Cette anomalie touche une partie du circuit de canalisation appelée “casse syphon”. Ce dispositif est en fait un orifice de 20 mm de diamètre sur les tuyauteries qui est censé empêcher la vidange accidentelle des piscines de combustible en cas de problème sur les circuits de purification et de traitement des eaux.

La vidange accidentelle d’une piscine de combustible constituerait un événement grave : les combustibles usés, encore extrêmement chauds et radioactifs, doivent être refroidis en permanence. S’il n’y a plus d’eau pour les recouvrir, ces combustibles pourraient donc entrer en fusion !

Le Réseau Sortir du Nucléaire révèle aujourd’hui qu’une telle anomalie a été relevée sur pas moins de 8 réacteurs français, situés à Flamanville (Manche), Paluel (Seine-Maritime) et Saint-Alban (Isère).

 

Un risque supplémentaire : le séisme

De plus, sur les piscines de ces huit réacteurs, une partie des tuyauteries du circuit de réfrigération et de filtration des eaux n’est pas dimensionnée pour résister aux séismes!

En conséquence, en cas de séisme, la conjugaison de ces deux anomalies pourrait aboutir en une heure environ à un début de découvrement des combustibles entreposés dans les piscines. Rappelons que la centrale de Saint-Alban est située dans la vallée du Rhône, une zone de sismicité “modérée”.

Cette question du risque de vidange des piscines d’entreposage des combustibles irradiés par siphonnage a d’ailleurs été largement soulevée au cours des audits menés par le groupe de travail inter CLI (commission locale d’intervention) Post Fukushima (La Hague, Flamanville, CSM) et ce depuis plusieurs mois. Jusqu’ici, ces questions n’ont pas reçu de réponse satisfaisante de la part des exploitants qui préféraient, jusqu’à aujourd’hui, nier le problème.

 

Ce dysfonctionnement pose d’autant plus de questions dans des installations à risque, comme celle de l’usine Areva de LaHague dont les piscines contiennent l’équivalent de 130 cœurs de centrales nucléaires …

 

Des anomalies déjà connues … mais pas réglées !

En effet, en Janvier 2012, une anomalie sur le casse syphon de la centrale de Cattenom avait été détecté, et classée au niveau 2 de l’échelle Ines par l’ASN (voir L’ASN classe au niveau 2 de l’échelle INES une non-conformité d’une tuyauterie des piscines des réacteurs 2 et 3 de la centrale de Cattenom) . Pourtant, cette même anomalie existe encore, aujourd’hui, sur pas moins de 8 réacteurs, donc celui de Saint Alban qui avait été jugé en “queue de peloton” depuis plusieurs années en termes de respect des procédures de sécurité par l’ASN elle même.

 

Et pourtant …

C’est l’ASN, qui, ce 28 juin, a organisé une conférence de presse pour communiquer sur les travaux que devront faire les industriels pour prendre en compte le retour d’expérience de Fukushima. “Beaucoup pensent que Fukushima est derrière nous, mais c’est en fait devant nous”, a d’ailleurs souligné à cette occasion le directeur général de l’ASN, Jean-Christophe Niel. Des travaux post Fukushima, certes, mais qu’en est il des anomalies pré Fukushima?

 

L’ASN a présenté une série de 32 décisions, comportant chacune une trentaine de préconisations, pour 19 centrales nucléaires exploitées par EDF mais aussi 8 sites d’Areva (liés au combustible) et 5 sites du Commissariat à l’énergie atomique (CEA, pour la partie recherche). Mais certaines de ces décisions, pourtant cruciales, ne sont considérées que comme “à l’étude”, et n’ont pas été imposées aux industriels.

 

Des travaux … pour mieux prolonger les centrales ?

Ces “travaux massifs” vont prendre plusieurs années, et nécessiter un investissement à hauteur de plusieurs milliards d’euros… On peut se poser la question de la pertinence de tels investissements alors que le nouveau président de la République a promis de faire baisser la part du nucléaire dans le mix électrique d’ici 2025.


Ces investissements massifs viendront ils geler toute possibilité de décision de fermeture d’autres centrales pour les dix années à venir?

 

La source 

 



29/06/2012
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