Grâce de Jacqueline Sauvage: quelques mots.
a grâce accordée à madame Sauvage par le président Hollande amène un certain nombre de remarques.
Tout d’abord, sans la moindre réserve, je me réjouis de cette décision qui va permettre à cette dame, après tant d’années de galère et de souffrances de retrouver ses filles, qui ont partagé malheureusement tant d’épreuves, et de tenter de se reconstruire. Je ne sais quelles étaient ses intentions profondes, mais pour une fois, accordons-lui le bénéfice du cœur et pensons que seule une vision humaniste a guidé sa décision.
Par cet acte, le chef de l’état reconnait implicitement une forme de légitime vengeance. On peut juste regretter qu’il n’ait pas pris cette décision plus tôt, le message aurait été plus fort encore, et on n’aurait pas eu l’impression d’une décision opportuniste…
On me dira que l’on ne peut accepter l’idée que se faire justice soi-même soit acceptable. Mais que dire alors de tous ces hommes violents, ces tortionnaires qui, dans la plus grande impunité, martyrisent leur compagne jusqu’à la tuer ? Où est la vraie violence ? Où est l’inadmissible ? Chez celui qui méprise la femme au point de lui faire subir les pires violences, ou chez celle qui, désespérée ou à bout de souffrance passe à l’acte et se débarrasse de son tortionnaire ?
Il est intéressant de voir que le monde de la justice est vent debout face à cette décision. Il me semble que cette justice qui défend si mal les victimes devrait avoir la décence de se montrer discrète. Tous ces magistrats qui nous parlent d’indépendance de la justice, quand nombre d’entre eux sont si conciliants avec les pouvoirs, tous ces magistrats indignés devraient nous expliquer en quoi le cas de madame Sauvage est à ce point insupportable quand la justice rend tant de verdicts incompréhensibles, ne se montre pas toujours équitable dans les décisions qu’elle prend. Nous pourrions aisément questionner ces magistrats en colère sur les innombrables délinquants récidivistes qu’elle remet en liberté au nom du droit.
Le chef de l’état a donc décidé de conclure de manière particulière une histoire particulière. Cette femme est rendue à la liberté qu’elle aura sans doute beaucoup de mal à goûter pleinement. Je ne veux y voir que l’expression de la reconnaissance de la souffrance inadmissible de tant de femmes. Que le monde feutré et protégé de la magistrature s’insurge montre que le combat des femmes est loin d’être gagné, que la justice est encore une justice misogyne.
Soyons donc satisfaits que le calvaire de Madame Sauvage prenne fin, et souhaitons-lui le meilleur… Pour le pire, elle a déjà trop donné.