Elle s'appelait Mathew Blessing...


COMMUNIQUE DE PRESSE
Lundi 7 mai, aux alentours de 5h du matin, un groupe composé de trois personnes étrangères, dont deux hommes et une jeune femme, marchaient en suivant la nationale 94 en direction de Briançon. La jeune femme marchait difficilement du fait de douleurs aux jambes et était souvent aidée par les deux jeunes hommes. À la hauteur du hameau de La Vachette, 5 policiers dissimulés dans les fourrés ont surgis brusquement sur la route nationale en allumant des torches électriques et en criant « police, police ». Les 3 personnes étrangères se sont alors enfuies à travers champ en direction du village où elles se sont dispersées, poursuivies par les policiers. L’un des deux hommes est interpellé vers l’Eglise. Les policiers sillonnent ensuite le village pendant plusieurs heures. La jeune femme ne donne plus aucune nouvelle d’elle depuis ce jour. En toutes hypothèses, les 5 policiers sont les dernières personnes à avoir vu vivante la jeune femme disparue. Mercredi 9 mai, le corps d'une jeune femme est retrouvée dans la Durance une dizaine de kilomètres plus en aval.

 


 

 

Pardon, Blessing.
Sur ma route après Briançon, et à l’approche du village de Prelles, je décide de m’arrêter. Je veux m’arrêter, plusieurs jours que je pense à venir à Prelles.blessing.jpg
Je sais que tu es enterrée là.
Je l’ai lu dans le journal. Je sais que le 9 mai dernier, on t’a retrouvé dans la rivière, la Durance, dans laquelle tu t’es noyée en fuyant un contrôle à la frontière plus haut dans la montagne, entre l’Italie et la France.
Je sais que tu t’appelais Blessing Matthew, que tu étais nigériane et que tu avais seulement 21 ans.
Je rentre le cœur serré dans le cimetière adossé à la montagne, je te cherche, les jambes tremblantes, j’appréhende cette rencontre entre nos deux réalités, ta mort honteuse et ma honte impuissante.

Et soudain, je devine tout au fond de l’extension du cimetière , un monticule de terre sur lequel ont été déposées en leur temps, les plus belles roses.
Je sais que c’est toi.
Je prends le courage de m’avancer. Et je lis ton prénom.
Je suis anéantie. Submergée d’émotion. Je prends là, à cet instant, toute l’horreur de ton parcours.
Nous ne t’avons pas protégée, nous t’avons exposée au danger, jusqu’au péril de ta jeune existence.
4 cailloux maintiennent un bout de papier où sont inscrits ton prénom, ton âge et l’année de ta mort. Rien d’autre.
Cette absence de personnalisation et d’humanité me dévaste , ton petit corps là, au fond, tout au fond du cimetière est une surenchère dans une indignation qui rajoute de la colère à mon chagrin.
Toutes mes larmes ne pourront effacer la tragédie de ta disparition. J’ai aussi mal que honte.
Je te demande pardon Blessing, au nom de mon pays qui a faillit à ses valeurs républicaines de fraternité.
Je te demande pardon, Blessing, repose en paix, ma douce.
Je sais que je reviendrai.
Tu ne tomberas pas dans l’oubli

 

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Elisabelle Bourgue

 



02/07/2018
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