Coronavirus: Entre doutes et incertitudes.


C'est la patate brûlante qu’il ne faut absolument pas garder entre les mains : quel ministre de la Santé actuel ou récent va bien pouvoir expliquer le manque de masques médicaux ? Pas Marisol Touraine en tout cas qui, mise en cause par l'actuel titulaire du poste Olivier Véran et son prédécesseur Xavier Bertrand, défend son action sous le quinquennat Hollande dans le Parisien ce matin : « Entre 2012 et 2017, les stocks de masques chirurgicaux ont régulièrement augmenté . Il y en avait 730 millions en 2012 et 754 millions en 2016 et 2017 et de l’ordre de 75 millions de masques FFP2 en 2015».

Olivier Véran, lui, a indiqué samedi que ces stocks se sont réduits année après année, de sorte que lorsque le Covid-19 est apparu, il ne restait un stock d'Etat que de 117 millions de masques chirurgicaux pour adultes et un stock stratégique d'Etat en masques FFP2».

Sur France 5 vendredi, Xavier Bertrand se défaussait : « On devra comprendre pourquoi on est passé de 1,4 milliard de masques, quand j’ai quitté mes fonctions, à 140 millions au moment où Olivier Véran prend les siennes.»

La polémique n'est pas près de cesser, tant elle pose une foule de questions auxquelles il faudra bien répondre un jour. Parmi tous les doutes qui nous assaillent, il émerge tout de même quelques certitudes. Parmi elles, l'évidence d'une défaillance de l'état, défaillance qui reconnaissons-le ne date pas de Macron et de sa bande. Souvenons-nous de l’épisode H1N1 qui avait valu reproches et quolibets, pour ne pas dire plus, à Roseline Bachelot qui avait été accusée d'en avoir trop fait pour une épidémie bien moins dangereuse qu’on ne l’avait pensé au début. Aujourd'hui, à la lecture des derniers événements, on devrait lui présenter des excuses, dans la mesure où son action n'avait pour but que de protéger suffisamment les français d'une épidémie possiblement plus grave. Lors de sa prise de décision, elle ne pouvait savoir, alors elle avait agi en prévoyant le pire.

Ensuite, tout le système a dérivé, et les pouvoirs qui se sont succédé ont tous participé aux pénuries dramatiques que nous connaissons aujourd'hui avec des conséquences mortelles ! On lira avec profit  ce long et passionnant article qui fait le point sur des années d'incurie !

 

Le drame aujourd'hui est que face à l'état de délabrement de nos services de santé, face à toutes les carences de l'état incapable d'assurer la sécurité sanitaire des français, des doutes émergent, les pires théories fleurissent. Mais, lorsqu'on veut bien comptabiliser les atermoiements du pouvoir, l'incapacité des dirigeants à prendre des décisions cohérentes et efficaces, on peut tout imaginer.

 

Que peut-on dire en effet ? Qu'à tout le moins, alors que nous avions l'exemple de la Chine, de tout l'orient, de l'Italie à notre porte, les premières décisions ont été extrêmement tardives. Comment expliquer ce retard, ce qui ressemble à un aveuglement coupable, cette pagaille décisionnelle ? Nous avons entendu tout et son contraire dans la bouche des dirigeants français, parfois niant des évidences. La question est pourquoi ? Incompétence ? Incompréhension de ce qui se jouait ? Mauvaise influence des conseillers ? Poids des lobbies ? Arrogance ? Volonté à tout prix de sauver activité économique et portefeuilles des actionnaires ? Vous voyez, les pistes sont nombreuses et je me garderai bien d'en privilégier l'une ou l'autre.

Ce que je sais avec certitude par contre, c'est que ces errances ont mis la population française en réel danger. L'évolution de la pandémie aujourd'hui, en n'omettant pas que les vrais chiffres nous sont inconnus, en atteste. On peut, à ce stade, se demander si on a accepté des morts par centaines quand il semblait que la maladie touchait très majoritairement les personnes les plus âgées et les plus fragiles. Peut-on penser sans subir d'insultes, que les « vieux » et les malades coûtent et que leur perte ne vaut pas qu'on mettre le système en danger ? Je ne sais, ce que je peux dire, c'est que les discours diffusés sur les réseaux sont devenus plus alarmistes dès qu'il est apparu que le coronavirus touchait aussi des personnes jeunes. Hasard ? Je ne crois pas !

 

Autre question apparue ces derniers jours, la chloroquine. Pas question ici de reprendre tout ce qui a pu être dit à ce propos, comme à propos du professeur Raoult. On peut juste encore une fois s'interroger et s'inquiéter de toutes ces polémiques, reposant souvent sur des flots d'inexactitudes pour ne pas dire de mensonges. On a tout de même grandement l'impression que mr Raoult est l'homme à abattre et que certains aimeraient bien que la chloroquine disparaisse du paysage.

Comment ? En réservant son emploi aux cas extrêmes, entendez par là les plus désespérés contre lesquels il n'y a plus rien à faire, ce qui apporterait statistiquement la preuve de l'inefficacité du traitement !

Pourquoi ? Parce que cette vieille molécule bien connue, apparemment bien maîtrisée par des équipes de médecins, ne coûte quasiment rien, et certains aimeraient bien qu'elle cède la place à des produits susceptibles de rapporter de confortables subsides aux labos pharmaceutiques.

Et là, ne me dites pas que je délire ! Regardez le poids des lobbies pharmaceutiques, regardez qui était la précédente ministre de la santé, regardez les conflits intérêts dans lesquels elle a été compromise, regardez qui est son mari, regardez l'inserm.

 

Voila, ce petit article ne résoudra rien, je n'ai pas ce genre de prétention, il veut juste témoigner de doutes profonds que je sais traverser l'ensemble de la population de ce pays.

Lorsque cette épidémie sera derrière nous, car je l'espère nous serons encore nombreux à avoir traversé l'épreuve, il ne faudra rien oublier de ce qui s'est passé et de quelle manière catastrophique cette crise a été gérée.

Il faudra exiger des explications, mettre en retraite forcée tous ceux qui ont failli, président en tête, exiger que l'état se remette en capacité de protéger la population quelle que soit l'attaque à laquelle elle est confrontée.

Nous devrions avoir pris conscience de qui sont les vraies personnes indispensables dans cette société, des personnes d'ordinaire transparentes, dénigrées, mais qui, lorsqu'elles sont absentes bloquent la machine.

N'oublions pas, ne les oublions pas !

 



24/03/2020
10 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 356 autres membres