Chronique du 28/11/2015... Le jour d'après l'hommage
oila : nous sommes le jour d’après : le jour d’après l’hommage national rendu aux victimes des attentats odieux du 13 novembre.
Et cette sensation de malaise. L’horreur des évènements auquel cette cérémonie renvoie ? La longue liste des victimes ? Le tourbillon médiatique pendant et après ? Ces médias en folie qui pour prétendument coller à l’évènement rajoutaient de l’angoisse à l’angoisse, de la fureur à la fureur, vertigineuse course au scoop indécente et malsaine.
Sensation de malaise également parce qu’on a voulu nous formater l’émotion, nous imposer le moment des larmes, la manière d’exprimer notre soutien, ce qui était convenable et ce qui ne l’était pas.
Sensation de malaise parce que ce jour-là, nulle place n’a été permise pour autre chose que l’hommage officiel, brochette de personnalités alignées dans une attitude paramétrée et figée.
Comme si nous avions besoin d’un guide pour partager la détresse et la douleur des familles, la souffrance des blessés, le vertige de l’incompréhension. Là aussi, la liberté en a pris un sacré coup. Sensation de malaise aussi et peut-être surtout, parce que les politiques présent à cet hommage portent une lourde responsabilité dans ce qu’est devenu ce monde. Les psychopathes furieux qui ont déclenché leurs bombes ne sont pas venus ici par hasard. Ils ne sont pas le fruit de je ne sais quelle génération spontanée de tueurs froids et sans pitié. Ils sont eux aussi les enfants de ce monde qui sont partis à la dérive… Mais qui a fait ce monde ? Qui porte la responsabilité de tous les mauvais choix, les mauvaises décisions, le mépris, la stigmatisation, le rejet, l’absence de projet collectif enthousiasmant ?
Ils étaient tous là, de noir vêtus, la larme au coin de l’œil. Quelle hypocrisie.
Qui est venu devant ces parents, ces conjoints, ces enfants, ces compagnons, ces amis, demander pardon pour tout ce qui n’a pas été fait ? Pour tout ce qui aurait dû être fait ? Qui est venu avouer que la mort de tous ces français est de la responsabilité de ceux qui depuis des décennies ont conduit ce pays et l’ont conduit dans une impasse violente, eux !
Il y a eu le discours, littérature… La peine, la détresse elles demeurent, et sont sans fin, sans répit. Je suis comme beaucoup de mes concitoyens dramatiquement touché par toutes ces vies fauchées, par la manière avec laquelle elles ont été fauchées.
Je suis touché et en colère contre ceux qui n’ont pas vu, pas su, pas voulu, pas pu offrir un plus bel avenir aux victimes et ont contribué à la naissance des bourreaux. Je suis en colère que l’on ait voué aux gémonies ceux qui regardaient ailleurs, qui écoutaient une autre voix, qui voulaient suivre une autre étoile.
Bien modestement, qu’il me soit permis de dire à toutes ces familles dont la vie a basculé que leur drame est notre drame à tous.
Qu’il me soit permis de dire également à tous les responsables que toute cette souffrance collera éternellement à leur peau comme une tache indélébile. Ces morts, ces blessés, doivent être à jamais leur mauvaise conscience.