Centrafrique: l'horreur est humaine...
Nous vivons dans un pays certes en difficulté, mais encore pour un temps à l’abri des pires exactions.
Pendant que nous dissertons sans fin sur le sujet si grave des frasques présidentielles, l’horreur s’installe et se développe en Centrafrique. On en est amené à se demander sérieusement s’il reste encore un peu d’humanité dans ce pays. On en est amené à se demander si la référence à la religion explique, justifie, exacerbe. Ce pays s’enfonce dans l’horreur la plus extrême, la plus incompréhensible, la plus insoutenable. On viole, on égorge, on mutile, on piétine, on exécute… Et on apprend que des cas de cannibalisme sont avérés. C’est insoutenable, inqualifiable, incompréhensible, c’est plus qu’il n’est possible de supporter. Cela pose également le problème de notre présence là-bas. Quelle présence en effet pourrait prétendre effacer tant de haine. Se pose donc le problème du devenir de ce pays et de ses populations. Ces gamins qui jouent de la machette, qui découpent, taillent, réduisent avec le sourire, quelle nation seront-ils capable de construire ? Quels stigmates laisseront de telles atrocités ? Comment imaginer le pardon et la réconciliation lorsqu’on a à ce point franchi les limites de l’horreur. Quand on a à ce point transgressé tous les tabous, tous les interdits, sur quelles valeurs est-il envisageable de reconstruire une société du vivre ensemble.
Lire cet article si vous avez le cœur bien accroché.
Haine et cannibalisme dans Bangui devenue folle
Par Xavier BOURGOIS
Cortège funèbre dans le 4e district de Bangui, le 28 décembre 2013 (AFP / Miguel Medina)
BANGUI, 13 janv. 2014 - Lentement, l'avion atterrit sur la Centrafrique en pleine crise. Il est aux alentours de sept heures du matin et la lumière est sublime, comme toujours ici. Il y a quelque chose de plus par rapport à mon dernier séjour: 100.000 déplacés campent à deux pas du tarmac. Etrangement, vue du ciel, cette horrible balafre de misère sur un paysage que j'aime tant est plutôt belle à voir.
En descendant de l'avion, la clameur du camp se fait entendre, le claquement des balles aussi: des éléments tchadiens de la Force africaine viennent d'ouvrir le feu sur la foule qui manifestait contre leur présence. Je récupère mon bagage, m'avance sur une cinquantaine de mètres et reconnais déjà mes trois collègues Kathy, Bienvenu et Miguel, vêtus de leurs casques et gilets pare-balles: «content de te voir et surtout.... bienvenue!»
La suite -- ICI -->