Après les attentats en Belgique
Colère
ncore une journée de terreur sous le soleil européen.
Encore la barbarie portée à son paroxysme.
Mais alors que les réseaux sociaux sont envahis comme en pareilles circonstances de messages, de dessins, de drapeaux, réflexe compassionnel désormais tristement habituel, j'éprouve une violente colère.
Les mots ont du mal à trouver un chemin entre haine, dégout, terreur, tristesse, désespoir.
Quand l'esprit se vide ainsi, il ne reste que la colère encore et encore.
Colère envers ces barbares,
Colère de tant d'impuissance,
Colère contre les réactions haineuses d'un Ménard toujours soucieux d'être le premier à plonger dans l'ignoble,
Colère contre la récupération d'un Le Roux soucieux de faire voter un texte inutile et liberticide,
Colère contre tous ces gens qui pensent que dire suffit à changer les choses... Le faire attendra,
Colère contre ce ministre de l'intérieur qui fanfaronnait en prétendant que l'arrestation du terroriste Adbeslam était un coup terrible porté à daesh,
Colère d'avoir été de ces "agités" qui, il y a bien longtemps, tiraient la sonnette d'alarme, avertissaient les politiques que leurs décisions nous conduiraient un jour à la catastrophe,
Colère de n'avoir jamais été entendu,
Colère d'avoir eu raison.
Encore une journée de terreur qui nous éloigne un peu plus de l'humanité.
Encore une journée d'une infinie tristesse, d'un douloureux désespoir.
Pour que le débat vive avec sérénité, deux textes soumis à votre réflexion:
«ourquoi les musulmans ne descendent pas en masse dans la rue pour condamner?» : dans un post sur Facebook, Ismaël Saidi répond à la question.
Ismaël Saidi, l’auteur de la pièce Djihad, a décidé depuis quelque temps ne plus livrer d’interview à la presse. Il a cependant autorisé Le Soir à publier le court texte qu’il a posé sur Facebook.
« Pourquoi les musulmans ne descendent pas en masse dans la rue pour condamner ? »
Parce que nous sommes en train de conduire les taxis qui ramènent gratuitement la population chez elle depuis hier…
Parce que nous sommes en train de soigner les blessés dans les hôpitaux…
Parce que nous conduisons les ambulances qui filent comme des étoiles sur nos routes pour essayer de sauver ce qu’il reste de vie en nous…
Parce que nous sommes à la réception des hôtels qui accueillent les badauds gratuitement depuis hier…
Parce que nous conduisons les bus, les trams et les métros afin que la vie continue, même blessée…
Parce que nous sommes toujours à la recherche des criminels sous notre habit de policier, d’enquêteur, de magistrat…
Parce que nous pleurons nos disparus, aussi…
Parce que nous ne sommes pas plus épargnés…
Parce que nous sommes doublement, triplement meurtris…
Parce qu’une même croyance a engendré le bourreau et la victime…
Parce que nous sommes groggy, perdus et que nous essayons de comprendre…
Parce que nous avons passé la nuit sur le pas de notre porte à attendre un être qui ne reviendra plus…
Parce que nous comptons nos morts…
Parce que nous sommes en deuil…
Le reste n’est que silence… »
Ismaël Saidi
adine Al-Budair, journaliste saoudienne a eu le courage d’écrire un article considéré comme provocant dans son pays natal, l’Arabie Saoudite. Dans cet article publié dans le quotidien kowëitien Al-Rai, elle s’adresse à tous les musulmans en commençant par cette question « Comment réagiraient les musulmans si des terroristes chrétiens se faisaient sauter au milieu d’eux? ». La journaliste leur demande « de se regarder dans une glace et d’entamer rapidement des réformes » .
Pour faire prendre conscience, elle inverse les rôles en interpellant les musulmans de cette manière:
« Imaginez un jeune d’un pays de l’Ouest venant ici se faire sauter au milieu d’une de nos places publiques au nom de la Croix. Imaginez que deux gratte-ciels se soient effondrés dans une capitale arabe et qu’un groupe extrémiste chrétien, en vertu de quelque comportement plus que millénaire, ait pris la responsabilité de cet acte, tout en faisant connaître sa détermination de raviver les enseignements ou quelques règles de la Christianité, selon son interprétation, afin de vivre comme au temps de Jésus et de ses disciples et de mettre en application certains édits d’un érudit chrétien ».
ou bien « Imaginez que nous visitions leurs pays comme touristes et qu’ils nous tirent dessus, fassent exploser des voitures près de nous et fassent connaître leur opposition à notre présence en chantant: chassez les musulmans de notre pays et de notre culture. Ces images sont loin de la pensée du terroriste arabe ou musulman parce qu’il a la certitude, ou avait la certitude, que l’Ouest est humanitaire et qu’un citoyen occidental refuserait de répondre de cette manière aux crimes barbares des terroristes musulmans. Malgré les actes de terrorisme d’Al-Qaeda et d’ISIS (ou État islamique), nous, les musulmans, vivons sur les terres occidentales depuis des années sans peur ni inquiétude. Des millions de touristes musulmans, d’immigrants, d’étudiants et de demandeurs d’emplois vont dans les pays de l’Ouest, dont les portes leur sont ouvertes et les rues sans danger ».
Nous devrions avoir honte
Elle continue sa rhétorique sur ce point » C’est étrange que nous, les musulmans, croyons avoir le droit de condamner de telles déclarations plutôt que d’examiner les implications de certains de nos curriculums extrémistes, de notre formation et de nos régimes, et d’en avoir honte… C’est étrange pour nous de condamner l’Ouest au lieu d’examiner ce qui arrive chez nous : les façons extrémistes dont nous interprétons la charia et nos attitudes réactionnaires à l’encontre les uns des autres et du monde. C’est étrange que nous condamnions le reste du monde au lieu de lui présenter des excuses. Comment réagiriez-vous si un Européen faisait exploser un théâtre ou café fréquenté par votre fils dans votre ville? Que feriez-vous si vous entendiez des malédictions contre votre religion et votre foi tous les dimanches, comme ils en entendent de certains de nos imams le vendredi et d’autres jours? »
C’est étrange que nous condamnions le reste du monde au lieu de lui présenter des excuses
Elle terminera par le fait que ces musulmans extrémistes ne représentent en aucun cas l’islam »Imaginez vous trouver à Amsterdam, Londres ou New York, sachant que les étudiants y apprennent comme partie de leurs cours que vous êtes un infidèle et que de vous tuer est le djihad qui conduit aux vierges du paradis; prolongeriez-vous votre séjour jusqu’à la fin de l’été ou partiriez-vous? Vous feriez-vous exploser comme le font les terroristes musulmans, ou vous contenteriez-vous de retenir votre rage et de demander d’interdire l’accès des Chrétiens aux pays arabes; que feriez-vous? Ces musulmans qui commettent des crimes ne représentent pas l’Islam, mais seulement eux-mêmes. C’est tout ce que nous savons faire, nous absoudre de toute culpabilité ».