près la tuerie de Québec, vous l’aurez sans doute remarqué, peu de grands discours, peu de prises de position des politiques, pas de je suis Québec. Pas de médias nous déversant à longueur de journée leurs analyses et réflexions sur ce crime odieux.

Pourquoi cet apparent désintérêt ?

Le dossier a me semble-t-il été enterré bien vide à l’aide d’un argument massue. Le tueur est un loup solitaire… Circulez, il n’y a plus rien à voir…

Je tenterai pour ma part une explication :

Le tueur en effet ne se nomme pas Jawad ou Ahmed… Il se nomme Alexandre Bissonnette et il a tué des musulmans. J’ose écrire ici que cela change tout dans l’inconscient (et le conscient également) collectif.

Le tueur musulman est avant tout un musulman. Il condamne ainsi tous les musulmans sans distinction.

Le tueur blanc canadien est avant tout un tueur… Solitaire.

Qu’il avoue son admiration pour Trump, être séduit par les propositions de M. Le Pen, que les éditorialistes lui trouvent «un discours de droite, un peu réactionnaire, un peu anti-immigrant, antiféministe», qu’en fait on essaie de nous le faire apparaitre comme un gentil garçon sans histoire ayant commis un acte inexplicable ne me satisfait guère. Le musulman tue parce qu’il est musulman porteur de je ne sais combien de tares qui en font un danger planétaire. Alexandre lui est un « loup solitaire » dont on ne peut expliquer le geste mais qui ne représente que lui… Mystérieusement…

Cette approche est non seulement malhonnête, elle est dangereuse. En catégorisant les tueurs, elle rend certains actes monstrueux et impardonnables en minimisant la gravité de certains autres.

Car, enfin, de quoi est-il question ? Simplement dit, de gens, quelle que soit leur histoire et leur origine, qui basculent dans la folie meurtrière et cela seulement devrait nous préoccuper. Il n’y a ni hiérarchie ni complaisance possible dans l’horreur.