Sarkozy: Ce qu'ils en disaient
Il revient ! Et curieusement, nombreux de ceux qui hier encore n’avaient pas de mots assez durs sur leur ancien leader se rallient aujourd’hui comme des moutons obéissants et dévoués.
Quelle image de la vie politique française : ces comportements sont précisément ceux que les français condamnent et qu’ils avaient me semble-t-il sanctionné.
Alors, comme les temps semblent être à l’oubli et au pardon, qu’il me soit permis de rappeler un certain nombre d’amabilités proférées par ces nouveaux roquets soumis.
Il est l’« un des problèmes de la France, parmi les principaux problèmes qu'il faut régler ». « Le sarkozysme représente la France vue d'en haut, du point de vue d'élites qui voudraient refaire la nation à leur image, ou plutôt à l'image de leurs intérêts. ». « L'homme n'a pas de surmoi et veut être aimé pour ce qu'il est. Il s'est forgé une vision de la France qui lui ressemble, c'est-à-dire individualiste, avide de réussite sociale et personnelle, obsédée par les biens matériels et indifférente à l'Histoire », «Sarozy a d'abord dévalorisé la présidence en la surexposant médiatiquement », puis l’a « rabaissée par ses dérapages verbaux ». De Villepin.
Qui a parlé d'une « campagne (présidentielle) hystérique » et « désorganisée », où « l’inclinaison droitière » des analyses politiques du président-candidat avait surpris plus d’un élu de droite. Qui a parlé d’« un homme seul », « coupé du réel », qui « n’écoute que lui-même et ses conseillers ultra-conservateurs » et réduit ses ministres « au rôle de chandelier décoratif ». « Quand le président se plaint de ne pas être soutenu par ses ministres, il ne doit s’en prendre qu’à lui-même, je trouve injuste cette façon que notre candidat a (…) d’écarter ses ministres comme s’ils étaient malades d’une peste qu’il a lui-même inoculée. ». Et oui, c’est Roseline Bachelot.
« On n’échoue pas pour deux mois de meetings, on échoue sur ce qu’on n’a pas fait pendant cinq ans ! La leçon de cet inventaire, c’est que la réformette dans un système sclérosé est insuffisante », « J'ai beaucoup de respect pour Nicolas Sarkozy, il y a beaucoup de choses qu'il a réussies, et d'autres non. Mais je suis convaincu que 2017 ne peut être la revanche de 2012. » Signé Laurent Wauquiez aujourd’hui un de ses plus fervents défenseurs...
Il a longtemps critiqué le débat sur l'identité nationale et la droitisation de l'UMP, mais apporte « naturellement » son soutien : c’est Baroin.
« La politique de Sarkozy n'a pas été à la hauteur. » « Il ne changera donc jamais ! » signé Xavier Bertrand.
« Nous avons agi dans l’urgence, trop souvent au coup par coup, sans aller toujours au bout des changements nécessaires et attendus. », « pour moi, la vie politique, ce n'est pas un spectacle. Un homme politique n'est pas une star, ses convictions et sa détermination ne se mesurent pas au nombre de ses émissions télévisées ». « Je ne suis pas né en pensant que la présidence de la République était mon destin, et je suis d'ailleurs choqué que l'on puisse raisonner de cette manière. ». « Sans vouloir dissuader les vocations, le rôle du prochain président de l’UMP sera de poursuivre le redressement financier et fonctionnel de notre mouvement, de gérer aussi les conséquences des enquêtes judiciaires en cours » ; « ce ne sont pas les affaires qui participent à l'établissement d'un climat serein au sein de l'UMP et d'un lien de confiance avec les Français ». « il serait bon qu'une nouvelle génération prenne ses responsabilités car (le) parti doit valoriser de nouveaux talents, de nouvelles méthodes... ». François Fillon
Il lui a reproché sa « volonté permanente » de « cliver les Français », mais il a également jugé que l’ex-chef de l’État était « victime de ses propres travers et, notamment, de son incapacité à maîtriser son propre comportement lorsqu'il était président de la République ». « Ce comportement ne collait pas du tout à sa fonction », Dominique Paillé, passé depuis à l’UDI.
Qui a parlé des « quelques faiblesses comportementales » de l’ancien président et sa « pratique un peu trop solitaire du pouvoir ». Qui l’a trouvé beaucoup trop présent médiatiquement pour élaborer un projet qui exige « silence (ce qu’il ne fait pas suffisamment) ». Jean-Pierre Raffarin…
Qui a parlé de « Monsieur Blabla », de « président Duracell », qui a évoqué « l'arrogance », « l'ego surdimensionné », « l'hyperactivité » et « les maladresses » du« président bling-bling » français. Angela Merkel
« L’ancien président Nicolas Sarkozy est une personne dont l’arrogance l’emporte sur l’intelligence ». Silvio Berlusconi (je sais ce n’est pas une référence), mais à l’époque, il était aux affaires avant que ses affaires ne l’en sortent.)
« Il fallait le voir, Sarkozy, incapable de rester assis plus de dix secondes et l'œil rivé sur sa montre. (...) On aurait dit un lapin cocaïnomane ! Si “Micha” a signé, c'est qu'il n'avait guère le choix. Pourtant, dans ce fameux accord, il n'y a pas un seul tracé précis, pas le moindre zonage, pas l'ébauche d'un calendrier de retrait... Quant aux sanctions en cas de non-respect des engagements, n'en parlons même pas ! ». Un proche conseiller du président géorgien, Mikheïl Saakachvili. Et certains à l’UMP plaisantent sur l’image de Hollande à l’étranger.
« Exhibitionniste et opportuniste », « sans vergogne et impitoyable dans sa quête du pouvoir », « autocratique et éhonté dans sa façon de l’exercer »... l'Américain Philip Gourevitch, journaliste et écrivain.
Tous apparemment ne sont pas sensibles au chant de la sirène :
« On peut aimer Nicolas Sarkozy, ou le détester, le vouer aux gémonies, lui tresser des louanges, éprouver pour lui des sentiments intérieurs ou aucun, le vomir, tout continue de se presser et de grouiller autour de lui », « Ils se rangeront derrière lui comme des moutons... ». Bruno Lemaire.
Et voila. Retour à la case départ : ceux qui hier le trouvaient « impulsif », « narcissique », « coupé du réel » et « obsédé par l’argent » parlent aujourd’hui de son « énergie », son « expérience » et sa capacité à « faire la synthèse » des différentes sensibilités de la droite. « L'autorité » aurait donc remplacé« l'autoritarisme ».
Il aura suffit donc que le petit homme aux talonnettes revienne pour que les moutons se rangent ! Belle perspective pour l’avenir.
D'après des infos de Médiapart.