Nostalgie de Belleville
Au cinquante-cinq rue du Faubourg
Saint-Honoré on nous impose,
Dans cette nouvelle maison close
De devenir les prostituées,
De ceux qui brisent nos amours
Et pour qui nous ne sommes que des choses,
Que l'on achète puis qu'on expose
Au Panthéon des condamnés.
Dans le caveau aux souvenirs
Où gisent les espoirs et les rêves,
Des morts prient pour que cesse la trêve
Et que reviennent les chaleurs,
Des barricades de désirs
Où le sang des peuples était sève,
L'espoir suspendu à leurs lèvres
Dans des ivresses vers le bonheur.
Qu'il est loin le temps des cerises
Des utopies qui berçant nos âmes,
Aujourd'hui livrées aux infâmes
Jusqu'à y faire naître des plaisirs,
Dans des servitudes bien apprises
Des éducations mélodrames,
Vers un empire en monogramme
Qui se tisse au son des soupirs.
Qu'il est loin le temps de ces luttes
Qui faisaient dans l'union la force,
Quand se gonflaient encore les torses
Fièrement debout sur les pavés.
Mais aujourd'hui le monde est pute,
Alors moi de lui je divorce,
Il n'y a plus de place au négoce
Des pertes de nos libertés.
Charles Robert