Mais qu’a donc le Sénat contre les enseignants ?
Découvert sur le blog "L’instit Humeurs"
ette semaine, tranquillement, sans que cela ne soit vraiment traité par les médias, le Sénat est revenu sur deux mesures concernant les fonctionnaires. Il a d’une part porté à 3 jours le délai de carence en cas de congé maladie, et d’autre part voté pour une baisse de leur salaire en diminuant la compensation de la hausse de la CSG. Le Sénat est bien décidé à taper sur les fonctionnaires en général mais porte une attention particulière aux enseignants, appelant à « une autre gestion » les concernant.
Carence : aligner sur le pire
Lundi donc, les sénateurs ont alourdi le texte du gouvernement prévoyant la réinstauration du jour de carence pour les fonctionnaires, en étendant ce délai à 3 jours, alors que les députés avaient voté pour un seul jour. L’argument est connu et repris par Albéric de Montgolfier, sénateur LR : « Le jour de carence est une mesure qui a fait la preuve de son efficacité, en permettant de réduire l’absentéisme. Il convient d’aller plus loin en termes d’harmonisation entre les salariés du secteur public et du secteur privé, qui sont soumis à trois jours de carence ».
On rappellera une fois de plus que le taux d’absentéisme dans le public est, selon le rapport 2017 sur l’état de la fonction publique, à peine plus élevé que dans le privé (4% contre 3,8%) et celle des agents de l’état inférieure (3%). On rappellera aussi que les enseignants sont moins absents que la moyenne des salariés. On rappellera enfin que 66% des employés voient leur jour de carence pris en charge par l’entreprise. Le sénateur de Montgolfier l’a d’ailleurs reconnu lundi mais, en insistant sur le « tiers des salariés qui ne bénéficie d’aucune prise en charge », a très clairement montré que l’idée était d’aligner le public sur le pire minoritaire du privé. Citant l’INSEE, le sénateur a déclaré que « la proportion d’agents en arrêt maladie de moins de 15 jours est passée, entre 2011 et 2012, de 1,2% à 1% dans la fonction publique d’état ». Il oublie de dire que l’INSEE a constaté sur la même période une forte hausse des agents absents entre une semaine et trois mois. Parmi les raisons avancées, le fait que la réduction des arrêts courts pourrait avoir dégradé la santé des personnels et ainsi entrainé plus d’arrêts longs (+25%).
S’agissant de l’école, la situation est assez particulière, du fait des risques de contagion élevés en classe et du contact avec de jeunes enfants. J’ai déjà travaillé trois jours consécutifs avec 39° de fièvre, et eu droit à des remarques de collègues et de parents me disant avec le sourire et à juste titre qu’en venant je prenais le risque de refiler ma maladie à mes élèves. Cette particularité du métier d’enseignant n’est jamais prise en compte, alors même que le ministère de la Santé communique sur le risque de contagion et la nécessité de « ne pas se rendre dans les lieux publics ».
Par ailleurs, si on voulait vraiment jouer les ronchons populistes, on irait chercher du côté de l’absentéisme des sénateurs et consulter par exemple cette enquête édifiante où on lira notamment qu’« un tiers des sénateurs ne viennent jamais, un tiers d’entre eux se montrent par intermittence, seuls ceux du dernier tiers sont vraiment assidus, avec 35 gros bosseurs qui abattent à eux seuls 40% du boulot total » (dixit un sénateur !). Bim. Fort heureusement, aucun jour de carence n’est prévu pour ces absences.
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