Le triste message d’une aide-soignante française
l y a ceux qui réussissent et qu'on croise dans les gares selon PharaMacron.
Et puis, tous ceux qu'on regarde à peine, les tâcherons de la France. Ces gens de rien sans qui le système s'écroulerait mais qu'on méprise.
« Quitter un métier qu’on aime parce qu’on devient maltraitant pour les autres et pour soi même. Ce n’est pas à vous qu’il faut en vouloir chère Anastasia mais à ceux qui sont responsables de cette situation. Nous nous battrons pour des jours meilleurs pour eux , pour vos patients et pour nous ! »
ujourd’hui je quitte mon poste d’aide soignante en EHPAD, le coeur lourd. Lourd de pas avoir pu être entendue par ma hiérarchie. Lourd pour les personnes âgées dont je me suis occupée et qui vont souffrir de mon départ à la veille de l’été. Je m’en veux de les abandonner mais je n’en peux plus. Je mange des cachets de xanax comme on mange des bonbons. Mon sentiment de mal être, malgré des pleurs et des cris dans le bureau de ma cadre, n’a jamais été entendu. J’ai l’impression d’être une fleur qu’on met dans un coin et que l’on oublie. Mais je ne suis pas une fleur. Je suis un être vivant, comme la fleur, qui pense et qui a des sentiments. Oui, il est fini ce temps où l’on demandait aux aides soignantes de faire sans réfléchir. On a un diplôme d’État et même une conscience professionnelle.
Aujourd’hui, pour mon dernier jour j’ai pleuré. Pleuré à cause de ces personnes qui seront maltraitées à cause des règles des institutions. Non ce n’est pas normal de faire manger 15 personnes en moins de 45 min quand on est 4. Non ce n’est pas normal de n’accorder que 7min à une dame pour la lever, l'habiller, l'installer en sécurité, lui servir un pichet d’eau fraîche. Même si elle a Alzheimer et qu’elle aura oublié aussi vite que je serai passée. Ce n’est pas normal car moi je n’oublie pas. Je ne veux pas que l’on accorde aussi peu de temps a mes parents le jour où ils seront malades ou juste vieux.
J’ai le coeur Lourd, car je l’ai crié mon mal être et on m’a juste répondu « Mais tu as fait le meilleur de ce que tu as pu ce matin ».
Mais non ! Je n’ai pas fait le meilleur de ce que j’ai pu, Sinon je ne pleurerais pas autant, je ne me rendrais pas amnésique à coup d’anxiolytiques pour oublier ce sentiment d’être maltraitante. Je m’en vais avec ma conscience professionnelle mais je culpabilise.
A mes chers résidents dont je me suis occupée, je vous prie d’accepter mes excuses.
Je suis désolée de ne pas m’être beaucoup plus battue pour vous. Je suis épuisée de me battre contre un monde où ils ont oublié que vous êtes pas des fleurs mais des êtres humains.
Ce n’est pas une excuse, mais je m’en veux de vous abandonner.
J’espère que vous garderez en tête toutes nos chansons chantées ensemble, nos danses, nos rires et tout ces moments qui m’ont permis de me lever tout ces matins et de ne pas abandonner plus tôt.
Prenez soin de vous. »
Voilà. Partagez, faites connaître, ce monde est loin de la folie start-up de ce président, il est le monde que nous connaissons, celui qui souffre et s'use sans considération ni gloire.