LA GIFLE
Il convient de s’indigner contre la violence. Ceci dit qui est le plus violent ?
La violence sociale, par exemple. Traiter mal les chômeurs, lancer contre eux d’insupportables mesures punitives, traiter mal les retraités, traiter mal les smicards, les sous payer, voilà en effet une insupportable violence économique qu’on ne peut que condamner.
Pareillement de la violence policière répressive qui a visé le peuple de France, celui des gilets jaunes, éborgnant, défigurant, estropiant, gazant, emprisonnant. Si rien ne justifie que quiconque s’en prenne à un policier, on aurait aimé que tous ceux qui se sont indignés se récrient proportionnellement contre l’invraisemblable somme d’actes violents commis par les forces de l’ordre au fil des semaines à l’encontre du peuple révolté.
La violence provocatrice d’un exécutif irresponsable, qui souffle sur les braises en annonçant une « radicalisation » de ses mesures, en insultant les gilets jaunes, les qualifiant de « foules haineuses ». La violence symbolique du mépris, aussi, insupportable, et celle consistant à nier la réalité de ce mouvement, à prétendre par exemple stupidement que la révolte du peuple français concernerait moins d’un habitant par commune quand n’importe qui se déplaçant en dehors des hypercentres métropolitains bobos (il est vrai que pour cela il faut avoir son permis de conduire et être quelque peu sorti de l’adolescence impotente caractéristique de l’homo festivus) peut constater le contraire de ses propres yeux.
Mais qu’importe le réel : la dénonciation outragée de la violence, comme la gifle, est un matériau propagandiste et hautement manipulable comme un autre, un peu plus qu’un autre en ce qu’elle rend impossible, par la réprobation globale qu’elle promeut, toute forme de discussion sur le fond.
On s’indigne au moindre symbole attaqué, on se pose en victime ; cela permettra de durcir les lois répressives, et d’élaborer toute une série d’interdictions.
À qui profite le crime, aussi condamnable soit-il ? Qui est dupe de l’instrumentalisation de ces quelques cas de violences qui permettent de feindre que la République serait en danger et autres fariboles fantasmagoriques pour Républicains de salon ?
Faut-il, dans pareil contexte inflammable, s’étonner que des incidents surviennent, qu’à force de subir des violences multiples, les révoltés – bien que patients- finissent par s’énerver et que certains perdent un peu les pédales.
Honky (montvives.canalblog)