Joyeux Noël!
omme s'il était obligatoire de céder à la tradition...
Se sentir obligé de souhaiter un joyeux Noël... De la joie ? Quelle joie ?
Ce monde a-t-il véritablement de quoi faire naître de l’enthousiasme, de l'espoir, de la sérénité, de la joie.
On peut c'est vrai répéter en boucle ces phrases toutes faites, éternel leitmotiv, que chaque année on ressasse comme si elles pouvaient un jour avoir un sens.
Joyeux Noël...
Mais qui donc peut encore y croire, qui peut encore espérer.
Ce monde bascule, nous le savons bien, il s'enfonce dans le noir, il court à sa perte, nous sombrons avec lui.
Oh je sais, on nous parle de trêve, de parenthèse, d'espoir, de la nécessité impérieuse de s'arrêter un instant et de rêver. Mais qui donc ce monde peut-il encore faire rêver ? Nous pouvons toujours nous voiler les yeux, la réalité ne disparaîtra pas dans les brumes de l'alcool et après quelques agapes.
Joyeux Noël...
Joyeux Noël sous les vagues froides de la Méditerranée ? Joyeux naufrages ?
Joyeux Noël sur les sables brûlants de l'Afrique ? Joyeux exodes ?
Joyeux Noël dans les rues de Rio, La Paz, Hong Kong, Caracas, Santiago, de Buenos-Aires, de Quito, du Caire, d'Alger, de Beyrouth, de Gaza et... de Paris ? Joyeuses violences ?
Joyeux Noël à eux qui s'épuisent à la tâche, dans les mines d'Afrique ou de Chine, dans les hôpitaux de France, dans les usines de textile partout dans le monde, tous ceux qui meurent de notre confort ! Joyeux esclavage ?
Joyeux Noël à ceux qui partout sur la planète combattent contre l'ordre établi, qui essaient de secouer leur joug, qui refusent l'aliénation que les systèmes leur imposent ? Joyeux capitalisme ?
Joyeux Noël aux enfants dans les rues ? A ceux que la faim tenaille, que la peur paralyse, que la guerre efface, que le désespoir condamne ?
Mais qui réellement et honnêtement peut encore parler de joie ? De celle qui fait oublier toutes les misères ? De celle qui rend la vie possible ?
Je sais, on va me reprocher sans doute ce pessimisme en ce « beau soir » de Noël... Tant pis.
Je veux juste dire à ceux qui me font l'honneur de me lire que si on veut encore espérer, il nous faut réapprendre à vivre autrement, malgré ce qui nous opprime, à côté du monde qu'on nous impose.
Je souhaite donc à chacun de trouver la volonté et la force de vivre tel qu'il est, de chercher autour de lui la fraternité, l'entraide, la compassion, le refus de la haine. La volonté d'être autre, le refus de plier et de céder.
Soyez vous, abandonnez le moi, tournez-vous vers le nous.