Il y a une vérité après le MEDEF... Les avis d'un "repenti"
etrouvé un article de 2011 concernant Éric Verhaeghe qui avait quitté avec fracas les instances du medef. Son analyse et ses propos sont quelque peu détonants par rapport au discours officiel.
Morceaux choisis : vous allez voir, ça ne manque vraiment pas de sel !
« Le MEDEF parle d'un monde qui n'existe pas »
« Le coût du travail n’est pas trop élevé, c’est la rapacité de l’oligarchie qu’il faut attaquer ! »
Il dénonce « une doctrine économique qui met en péril la société et la démocratie. »
Il attaque la pensée économique dominante en ces termes : « Pendant la décennie 1980, on a fait de la privatisation à tout-va ; pendant la décennie 1990, on a abaissé le coût du travail – on a quand même dépensé 1,5 point de PIB en allégements de charges… Le résultat est terrible. En réalité, au bout de quarante ans, non seulement ça ne va pas mieux, mais au contraire, le système est en train de s’autodétruire. Cette crise n’est pas imputable à la rigidité du marché, mais au contraire, à sa flexibilité. Cela oblige à remettre en cause nos vieilles croyances. Collectivement, les élites de ce pays ne peuvent plus continuer à soutenir que les recettes d’avant 2008 vont nous sortir du marasme, elles sont la cause de la crise ! »
« Aujourd’hui la doctrine du Medef est dangereuse parce qu’elle est potentiellement productrice d’un risque systémique. […] La pérennité de l’économie de marché tient beaucoup plus aux salariés qu’à leurs patrons. »… Ça doit plaire ça dans les cercles patronaux.
A propos de la dette publique : « c’est de l’épargne garantie pour les très gros revenus. Lorsque Liliane Bettencourt reçoit un chèque de 30 millions d’euros au titre du bouclier fiscal, ce chèque est financé par de la dette que Liliane Bettencourt achète sous la forme d’emprunts d’État et, du coup, quand on la rembourse, on lui fait un nouveau cadeau. Le bouclier fiscal est une opération de passe-passe qui permet d’accroître le patrimoine des gros revenus en le faisant financer par l’écrasante majorité des citoyens. »
A propos de la Sécurité Sociale : « aujourd’hui, ce sont les salariés qui portent l’essentiel du financement de la protection sociale. En 1945, le travail était la source de la richesse, mais en 2010, […] Il y a une très grande partie de la richesse qui est produite à partir de l’argent lui-même… Continuer à asseoir la Sécurité sociale sur le seul travail, cela conduit à faire porter aux salariés un poids exorbitant. »
Sur le droit du travail : « il n’y a aucun débat au sein du Medef : il y a un comportement extrêmement autoritaire que j’ai qualifié, et je persiste, d’immobilisme brejnevien. »... Dans le débat actuel, voila qui est lourd de sens!
Concernant « les charges » : « En dehors de sa litanie traditionnelle – « soulageons-nous de toutes les charges que nous avons » –, il n’y a pas de pensée… »… Je retiens : au medef , pas de pensée !
Et de rajouter : « La question n’est pas de savoir s’il faut des allégements de charges… Peut-être qu’il en faut, après tout ! Le vrai sujet, c’est le contrôle démocratique qui s’exerce. Et ce qui n’est pas admissible, c’est de faire vivre le mythe d’une économie de marché qui serait opprimée par l’État, alors qu’en réalité, l’économie de marché est subventionnée par le contribuable et qu’elle refuse dans le même temps tout contrôle sur les subventions qu’elle reçoit. Je préconise la transparence. On peut reprendre un système simple, prévu par la Déclaration de 1789 : « Tous les citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d’en suivre l’emploi et d’en déterminer la quotité, l’assiette, le recouvrement et la durée. » Dès lors qu’on met 1 euro public dans une activité, le citoyen doit avoir le droit de demander des comptes sur l’utilisation de cet euro. »… Contrôle démocratique ? Il va loin le Monsieur, gGattaz apprécierait certainement !
Les entreprises dites « too big to fail » (trop grosses pour faire faillite) ? « dès lors qu’une entreprise atteint une taille qui la rend plus puissante qu’un État, il faut la démanteler. On sait le faire quand l’entreprise constitue une menace pour la libre concurrence. Je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas ce pouvoir dès lors qu’elle menace la souveraineté des peuples. »
Voilà un discours tonique et rafraîchissant, surtout venant d’un homme qui a été au cœur du système et qui en connait tous les rouages.
Ces opinions rendent plus inadmissibles encore les atermoiements du pouvoir et les preuves d’allégeance apportées à un Gattaz qui ne vise en fait qu’à accentuer et perpétuer les avantages et la mainmise d’une classe dirigeante sans scrupule.
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