Hôpital Necker ou ce qui apparait comme une odieuse manipulation
'ai hésité et puis je me lance.
Je me lance car cette affaire des casseurs de l'hôpital Necker a pris des proportions inouïes. Cazeneuve le premier a immédiatement profité de l'évènement pour dénoncer les manifestations et leurs organisateurs.
J'ai eu l'impression pardon de le formuler ainsi que la mariée était trop belle. Je me suis donc installé devant mon écran pour essayer d'en savoir un peu plus. Acte réflexe devant une information tellement dans l'air du temps, tellement utile à un pouvoir qui perd la main.
Et je suis tombé sur cette vidéo, tournée et mise en ligne par un journaliste du monde.fr.
Cliquez l'image pour accéder à la vidéo. Ce qui nous intéresse est vers 4 minutes 20.
Que voit-on?
Un homme seul, qui frappe consciencieusement les vitres les unes après les autres. Il ne semble pas le moins du monde pressé, il frappe méthodiquement, j'allais dire froidement. L'action dure 10 secondes, il est seul! Il repart comme il est venu. Tranquille!
On aperçoit ensuite un second individu qui donne un coup de pied dans une vitre. Surgit alors un autre manifestant (apparemment) qui lui dit: "arrête c'est un hôpital de gosses"... Le second individu arrête immédiatement et quitte apparemment les lieux.
Cette vidéo pose de nombreuses questions. Qui est le "casseur" qui vient, casse et repart comme si de rien n'était... Comme s'il était juste venu faire "le job"... Mais quel job? Et dans quel but?
Comment est-on passé de cette agression à la déferlante médiatico-politique qui a suivi, permettant tous les amalgames, jouant sur la corde sensible (odieuse attaque d'un hôpital pour enfants), et tellement utile au pouvoir pour continuer dans sa tentative de décrédibiliser les organisateurs et d'en arriver à l'interdiction des manifestations.
J'ai le sentiment que nous venons d'assister à une énorme entreprise de manipulation de masse et ce n'est guère rassurant. Ce pouvoir est à la dérive et tout est bon pour tenter de dynamiter les mouvements sociaux qui le déstabilisent.
Peut-être veulent-ils juste faire oublier le plan de suppression de 20 000 postes dans l'hôpital public et des réductions budgétaires de quelques 3 milliards. Mais ça, ce n'est pas considéré comme une agression contre l'hôpital.
Nous sommes mal engagés!
Quelques compléments d'information:
Et cet autre article de mon blog --> ICI <--
Et ça ce n'est pas moi qui le dis!
Quant aux vrais casseurs de l'hôpital, ils n'ont ni casque, ni cagoule.
Dans le cadre du plan de redressement des finances publiques, le gouvernement a demandé aux hôpitaux de réaliser 3 milliards d'euros d'économies en trois ans, de 2015 à 2017. Via la ministre de la Santé, il a même fixé l'objectif de supprimer 10 % des lits en chirurgie et médecine actuellement disponibles, portant donc à près de 16.000 la coupe à effectuer.
La source --> ICI <--
Lettre d'une maman.
L'info provient du groupe JP. Vernant...
Difficile d'authentifier l'auteur, mais le texte reste pertinent de toutes manières. Lisons-le donc sans arrière-pensée.
Sur l’instrumentalisation des vitres de l’hôpital Necker - Témoignage d’un parent
"Hier, il y avait des centaines de milliers de manifestants dans les rues de Paris. En tête, des milliers de personnes, cagoulées ou non, syndiquées ou pas, se sont retrouvées pour tenir la dragée haute à un dispositif policier hors norme.
Je comprends facilement ce qu’il peut y avoir de désespérant là-dedans pour le gouvernement. Alors que l’on pouvait imaginer qu’au fil des semaines et des mois, la rue se fatigue et la violence soit de plus en plus isolée, c’est tout le contraire qui se passe : la peur de la police ne dissuade pas.
Hier, les manifestants ont commis de nombreuses dégradations. Pour celles que j’ai pu constater, elles étaient toutes « ciblées » : banques, assurances et publicités. Je ne suis pas sûr que cela nécessite beaucoup de débat. Il n’est pas certain que le monde de la finance tremble à chaque fois qu’un distributeur de billet est vandalisé mais que la jeunesse y voie un symbole, je le comprends parfaitement. Qu’une assurance doive appeler son assureur et demander le coût de la franchise, je dois avouer que lorsque j’y ai pensé, ça m’a fait rigoler. Ces gens engrangent des milliards en ponctionnant la solidarité. Quant aux publicités détruites, c’est — malgré la méthode—, la meilleure chose qui puisse leur arriver.
Au milieu de tout cela, quelques vitres de l’hôpital Necker ont été brisées. Bien que les vitres en question n’aient pas d’autre rôle que celui d’isolant thermique : j’en conviens grandement, ce n’est pas très malin.
Certes, briser les vitres d’un hôpital, même par mégarde, c’est idiot ; mais sauter sur l’occasion pour instrumentaliser la détresse des enfants malades et de leurs parents pour décrédibiliser un mouvement social, c’est indécent et inacceptable. Et c’est pourtant la stratégie de communication mise en œuvre depuis hier, par MM. Cazeneuve et Valls. Allègrement reprise par la droite et relayée sur un plateau doré par tous les médias.
Je le dis d’autant plus volontiers que l’hôpital Necker, j’y ai passé beaucoup de temps et que la détresse et l’angoisse des parents d’enfants très malades, je vois particulièrement bien ce que c’est. Instrumentaliser cette souffrance à des fins aussi bassement politiciennes est abjecte.
Cette indécence est d’autant plus choquante lorsque l’on connaît la situation de l’hôpital public aujourd’hui. MM. Valls et Cazeneuve, « révoltés » du fond du cœur par cinq vitres brisées, le sont-ils autant par les conditions de travail effarantes des personnels hospitaliers ? Lorsqu’un généticien clinique doit travailler 70h par semaine car la direction de son hôpital n’a pas les moyens d’employer un nouveau docteur ni même une secrétaire, quelles en sont les conséquences sur tous ces gentils petits enfants malades au chevet desquels nos ministres accourent depuis hier ? Quand les aides-soignantes et les infirmières sont épuisées, usées jusqu’à la moëlle et rémunérées au minimum, qu’en est-il de la qualité des soins et de l’attention nécessaires à ceux qui passent des mois voire des années dans des couloirs d’hôpitaux ?
Lorsqu’ils mettent sur le même plan « émotionnel » des plaques de verres cassées et ces centaines de milliers de familles éprouvées, MM. Valls et Cazeneuve, n’ont-ils pas honte ? Et tous ces journalistes qui ont titré sur cet horrible assaut contre l’hôpital des « enfants malades », prennent-ils la mesure du sens de leurs mots ?
La palme de l’infamie revient évidemment à M. Cazeneuve qui a tout de même réussi à ajouter à l’équation le fils des deux policiers tués avant-hier.
Des centaines de milliers de personnes défient le gouvernement dans la rue. Une ou deux cassent le double vitrage d’un hôpital. Une ordure tue deux policiers à l’arme blanche. Leur fils de trois ans est en soin à Necker. M. Cazeneuve établit un rapport émotionnel, affectif et psychique entre ces deux séries de faits : la lutte contre la Loi Travail et son gouvernement, le choc produit par la brutalité de ce double meurtre et la situation dramatique de cet enfant. Si les jeunes émeutiers qui ont cassé les vitres de Necker ont été idiots, MM. Valls et Cazeneuve, eux, sont obscènes.
Plutôt que de courir les plateaux télés pour dire des conneries pareilles, retirez la loi travail, financez correctement les hôpitaux et épargnez aux enfants et à leurs parents votre ignoble instrumentalisation. Merci d’avance.
Un parent d’enfant très malade de l’hôpital Necker."
Cette lettre sur le site lundimatin
Pour en savoir plus :
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