En terminale S à Saint-Ouen, je suis SDF le soir.


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uand tant de misérables bien pensants ne savent déverser que haine et rancœur, des "mômes" galèrent et se battent pour sortir de l'ornière du rejet et de l'abandon. L'histoire qui suit est édifiante et devrait porter le rouge au front d'un grand nombre de bons français bien pensants, installés dans leur refus de l'autre, s'imaginant à l'abri dans leur petit confort misérable.

C'est en France, aujourd'hui, honte à ceux qui se satisfont de cette situation.

 


 

 

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ahina et sa petite sœur ont de bonnes notes. Toutes les deux élèves au lycée Auguste Blanqui de Saint-Ouen, elles ne révisent pourtant pas dans leur chambre, ni sur un bureau. Depuis un an, les deux jeunes filles dorment dehors ou à l'hôtel, quand le 115 leur trouve des solutions d'urgence. Dans le même lycée, cinq autre élèves sont concernés. Kahina nous raconte son quotidien.

Parfois, j’ai l’impression que j’ai deux vies. Pendant le jour, je suis Kahina, une élève de Terminale S, au lycée Blanqui à Saint-Ouen, sérieuse, appréciée des professeurs du fait de ses bons résultats scolaires. Et le soir, je suis SDF.

Avec ma mère et ma petite sœur, qui est en seconde, nous dormons "au 115" depuis un an. Avant, nous étions chez ma tante, mais elle ne pouvait plus nous héberger, c’est comme ça qu’on s’est retrouvées sans domicile. Actuellement, nous sommes dans un hôtel à Sevran, très loin du lycée. Le soir, parfois, je mets deux heures et demi à rentrer, car je dois prendre le RER, le bus, le métro. Le matin, les correspondances marchent à peu près, si je prends le premier RER vers 5h50, ça va… Mais du coup, j’arrive toujours trop tôt au lycée. À 7h30, avant l’ouverture des portes du lycée à 8h15. J’ai croisé d’autres élèves qui piétinent devant le portail du lycée, je ne sais pas s’ils sont SDF comme moi, peut-être, mais en tout cas, on n’en parle pas.

Je ne veux pas le crier sur tous les toits

En fait, c’est bizarre, car même si je n’ai jamais évoqué le sujet, directement, avec mes camarades, il se trouve qu’on a parlé de nous. Depuis décembre, notre situation à nous, les 7 élèves SDF du lycée Saint-Ouen a été médiatisée. Il y a même eu des manifestations avec des élèves, des profs : ça m’a touchée. La mobilisation a été utile : certains ont même pu trouver un logement.

Une jeune fille du lycée a témoigné : je ne la connais pas, mais ça m’a fait réfléchir. Et je me suis dit que je pouvais moi aussi parler de ce qu’on vivait avec ma mère et ma sœur... À la condition qu’on ne me reconnaisse pas au lycée. À part bien sûr à quelques professeurs et l’assistante sociale qui m’aident beaucoup, personne ne sait au lycée que je fais partie des élèves SDF. Moi-même, je ne sais même pas qui sont les autres dans mon cas, même si je l’ai deviné pour certains.

C’est pas quelque chose qu’on veut crier sur tous les toits. C’est normal. Un jour, j’ai entendu des lycéens qui rigolaient et qui disaient "lycéen SDF, MDR", ça m’a blessée qu’ils rigolent, alors je préfère que personne ne sache que je suis dans cette situation. Je crois que ça ne se voit pas. Peut-être que certains trouvent bizarre que j’arrive si tôt au lycée, et que je reparte si tard, je ne sais pas… En tout cas, je ne dis rien, et quand j’en entendais qui parlaient de nous, les lycéens SDF, parce qu’ils avaient entendu un reportage ou vu un article, je faisais comme si de rien n’était.

Je ne veux pas qu’on me montre du doigt. Personne n’a envie de montrer qu’il a des plaques sur la peau et que ça le démange parce qu’il a été piqué par des punaises de lit. C’est notre cas, à ma sœur et moi. Il y a souvent des punaises, dans les hôtels où l’on dort.

Parfois, on dort à des endroits qu'on ne sait pas placer sur la carte.

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21/02/2017
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