Charlie / Islam... La caricature est-elle menacée?
e sujet me tient à cœur. Délicat, certes, polémique, certainement, révélateur d'une dérive de notre société sans aucun doute!
Le journal satirique a en effet publié une UNE très controversée, c'est le moins que l'on puisse dire après les attentats en Espagne. -Une camionnette qui s’enfuit, deux passants tués et la légende «islam, religion de paix… éternelle» –
Publiée avant sa parution dans les réseaux sociaux, la toile s'est enflammée. Les arguments chocs ont fusé: "bobo-gauchisme", "islamophobie" s'il ne faut en retenir que deux significatifs.
Voici donc où nous en sommes. La caricature, l'humour fut-il le plus sombre qui soit n'ont plus la place dans notre univers au prétexte qu'ils stigmatiseraient une partie de la population. Le musulman, l'islam ne peuvent plus faire l'objet de critiques ni de moqueries sans que ne soit jeté l'anathème absolu: "islamophobe".
Même Le Foll qui ne trouve sans doute plus d'autre sujet pour faire parler de lui y va de ses commentaires désapprobateurs. Il parle "d'amalgame dangereux"... Ah oui, l'amalgame, autre concept qui interdit de mettre le doigt là où ça fait mal au prétexte qu'il ne faudrait pas critiquer et condamner tout le monde... Facile!
Personnellement, je vois deux raisons au moins de soutenir cette UNE.
La première est de dire qu'aujourd'hui, il semble devenu impossible de s'interroger, quelle que soit la forme que prend cette interrogation, sur le rôle ou la place de l'islam dans la "politique" de Daesh. Nous sommes bien victimes d'une forme de bourrage de crâne, et il devient évident que "le fait religieux" ne peut plus être ni moqué, ni critiqué, ni rejeté. La religion échapperait donc à toute forme de questionnement. Et je vois cette UNE comme un questionnement!
La seconde, est directement liée à la liberté d'expression, en ce qu'il faut absolument conserver des espaces où tout peut être dit, moqué, contesté, caricaturé. Il ne peut y avoir aucune exception. La moindre exception ouvrant en effet la porte à toutes les censures et à tous les totalitarismes.
On a le droit de ne pas aimer, de ne pas apprécier Charlie. Dans ce cas, on se détourne, on ne lit pas , on n'achète pas, on passe son chemin!
Pour conclure sur ce sujet, qu'il me soit permis de citer ce court texte de Cabu.
"Pas de limites à l'humour qui est au service de la liberté d'expression, car là où l'humour s'arrête, la place est laissée à la censure ou l'auto-censure.
Ni les intégristes et leurs religions,
Ni les idéologies et leurs militants,
Ni les bien-pensants et leurs préjugés,
ne doivent pouvoir entraver le droit à la caricature, fut-elle excessive."
Je m'en tiendrai donc là. L'absolue exigence de pouvoir tout dire à propos de tout et de ne se voir opposer le cas échéant que des arguments et pas des invectives
Et l'édito de Riss mérite au moins qu'on y réfléchisse.