Abstention: la solution?
Abstention, hygiène mentale du citoyen / L'abstention doit être porteuse d'un message... / No vote / Il n'y aura pas d'élection présidentielle
otre système politique est malade: malade et verrouillé. La démocratie n'est plus qu'une coquille vide, une mascarade qui laisse croire à l'électeur qu'il a prise sur le futur.
Le "tous pourris" est devenu un leitmotiv lancinant dans cette campagne. Politiciens pris la main dans la confiture qui persistent dans leur entreprise électorale, ou FN qui prétend laver plus blanc que blanc mais qui est lui aussi empêtré dans une foule de procédures.
Les électeurs se disent volontiers déboussolés, dégoûtés également. Ils sentent bien que le piège s'est refermé et que le choix à venir va être entre faire obstacle à la candidate FN ou choisir délibérément de la porter au sommet de l'état parce qu'ils sont convaincus qu'elle va y flatter leurs instincts les lus bas.
La majorité des citoyens se trouve donc face à ce choix mortel: laisser élire Le Pen ou accepter une fois de plus le stupide vote utile et lui barrer la route au risque de la remplacer par une copie édulcorée, mais copie tout de même.
Alors, que reste-t-il comme marge de manœuvre pour ceux qui ne veulent plus être complices du système et de ses stratagèmes pour se perpétuer?
Tant que nous votons, nous participons au jeu, mais nous le perdons parce que les dés sont pipés.
Alors?
Et si la solution était dans une abstention massive, une abstention assumée, déclarée et active.
Je balaierai de suite l'objection du "devoir civique". Cessons une fois pour toutes de nous gargariser de tous ces mots creux uniquement destinés à provoquer la mauvaise conscience chez le gentil petit électeur. Il n'y a pas de "devoir civique". Il n'y a que le "droit de vote", et ce n'est pas synonyme "d'obligation de vote"... Vous avez le droit de voyager, rien ne vous contraint à faire le tour du monde chaque année.
Le pouvoir ne sert pas le peuple, il l'asservit. Le rôle du citoyen éveillé doit donc être de harceler ce pouvoir, de ne pas en être complice en ne le suivant pas sur ses sentiers tout tracés.
Abstention donc pour ne pas continuer à servir, abstention pour marquer le refus, abstention pour ne donner aucune voix à qui que ce soit, abstention pour marquer le refus d'être menés par un quarteron élu par une infime majorité. Abstention active, la rue devenant le lieu privilégié de l'expression de ce refus au lieu de l'espace feutré des bureaux de vote.
Le système aime le vote, le système déteste l'abstention... Réfléchissez à cette évidence sans perdre de vue que si le vote pouvait changer quelque chose à la marche du monde, il serait interdit!
Sur cette page, je vais compiler ce qui se dit et s'écrit à propos de l'abstention, surtout si près d'une échéance capitale. Vos réactions et participations y seront les bienvenues.
bstention, hygiène mentale du citoyen
L’Abstention, un hygiénisme citoyen dénigré et ignoré dans le système démocratique actuel.
Définition de l’Hygiène :
L'hygiène est une combinaison d'actes et d'attitudes visant à maintenir le corps, l'organisme et le mental en bonne santé : il est impératif de conserver une bonne hygiène de vie impliquant d'éviter les substances dangereuses pour l'organisme. L'hygiène alimentaire implique de se nourrir afin d'apporter ce dont l'organisme a besoin pour son parfait fonctionnement. Quant à l'hygiène mentale, elle définit l'épanouissement personnel, le bien-être cognitif et émotionnel.
L’Abstention, comme hygiène mentale de tout citoyen qui se respecte.
Prendre en compte l’abstention est une nécessité et reconnaître son importance est le salut de tout fonctionnement démocratique digne de ce nom.
L’abstention est un excellent antidote dont doit s’emparer tout citoyen qui se respecte pour apprendre à penser juste et se forger un esprit critique en béton face :
à l’Offre politique dénuée d’intérêt général,
à une Justice partiale,
aux abus de dépenses d’argent public,
à la corruption,
au lobbysme,
au flux permanent de désinformations croissantes...
Heureusement, l’esprit critique est un muscle qui peut se travailler, si toutefois on en trouve la volonté, mieux, le courage !
"L’abstention doit être porteuse d’un message qui fait changer de système institutionnel"
n pleine campagne présidentielle, Antoine Buéno, invité de Radio Brunet, fait entendre la voix des tenants de l'abstention. Il propose une abstention massive qui selon lui, demeure le meilleur acte protestataire possible.
Ne pas voter pour tout changer. C’est l’idée que défend Antoine Buéno dans No Vote! (ed. autrement). Pour lui, le système politique actuel est paralysé, et le citoyen n’a pas de pouvoir. L’objectif est de faire bouger le système et de mettre en place une action citoyenne, en passant par autre chose qu’un vote revendicatif qui bénéficie au FN.
"Le choix qu’on doit faire en allant aux urnes n’est qu’apparent. C’est un choix illusoire parce que le système de la représentation ne peut pas produire véritablement la réforme. Il faut être dans le système pour véritablement l’éprouver. Quand vous allez voter, vous allez voter pour deux type d’élus. Il y a les élus des assemblées qui n’ont aucun pouvoir, ils ne peuvent absolument rien faire. Ensuite il y a les élus de l’exécutif, avec en premier lieu le président et le gouvernement. Ils sont dans une situation où ils n’ont pas intérêt à agir. Par carriérisme, par clientélisme, ils se heurtent aux intérêts constitués des lobbys."
Pour Antoine Buéno, l'abstention peut redonner le pouvoir aux citoyens. "Vous, vous avez l’impression que le malade est en train de mourir et que peut-être quelqu’un va trouver la formule, mais ce n’est possible dans le cadre de ce système. Et moi je dis que l’abstention doit être porteuse d’un message qui fait changer de système institutionnel".
Ils boycottent la présidentielle, et le proclament haut et fort
olitisés, paumés, déçus, créatifs… Une masse de Français ne se prononcera pas lors du grand rendez-vous politique quinquennal, et veut le revendiquer.
L’élection présidentielle n’aura pas lieu, No vote!, Boycott 2017, Manuel de survie dans l’isoloir… Vous y avez peut-être pensé aussi: et si la question, les 23 avril et 7 mai, n’était pas «pour qui voter» mais «faut-il voter»? Dans les sphères utopistes ou désabusées, modérées ou radicales, des prises de position émergent en faveur de l’abstention ou du vote blanc, si possible massifs, pour l’élection présidentielle. Elles prennent la forme de livres, de contre-campagnes ou de spectacles. Un abstentionnisme politisé qui est la partie visible d'un iceberg de refus très divers.
Dans son récent livre Plus rien à faire, plus rien à foutre, le directeur général délégué de l’institut de sondages Ipsos, Brice Teinturier, évalue les «prafistes», ces Français qui se disent indifférents ou dégoûtés de la politique, à près de 30% de la population. Tous ne s’abstiennent pas (en 2012, l'abstention et les votes blancs et nuls représentaient plus de 24% du corps électoral au second tour), mais «la “Praf attitude”, c’est-à-dire le détachement de plus en plus profond vis-à-vis de la politique, est un phénomène en voie d’émergence», nous explique le politologue, qui constate notamment «une demande de morale et d’exemplarité»: «Une fois qu'on a posé ça, l'idée, c'est de voir si la campagne va ramener les “Prafistes” dans le jeu.»
Moins de 10% de participation
Ce jeu, certains sont déjà bien décidés à en sortir, et à le clamer haut et le fort. «Il n’y aura pas d’élection présidentielle», prédisait ainsi une tribune publiée sur le site Lundi matin en septembre 2016. Contre le «cirque électoral», le texte appelait joyeusement «à la constitution d’un contre-espace public et politique partout en France», comme lorsque l’université d’été du PS avait été reportée et déplacée de Nantes à Brest l’été précédent.
L’élection présidentielle 2017 n’aura pas lieu est aussi le titre d’un roman d’anticipation, paru en septembre aux Éditions La Découverte, et dont l’auteur reste anonyme. A la tête de la maison d’édition, Hugues Jallon se montre enthousiaste:
«C’était le livre politique que j’avais envie de publier dans la perspective de ces élections. Plutôt que de jouer à se faire peur, il a le mérite d’essayer d’imaginer une issue heureuse.»
Le récit raconte une campagne 2017 bouleversée par une volonté abstentionniste hétérogène et massive. Les initiatives populaires émergent, rappelant celles du mouvement Nuit Debout. Elle sont renforcées par la «révolte des maires», qui font la grève des signatures, et par celle «des petites voix sondagières», qui arrêtent de nourrir les enquêtes d'opinion. Jusqu'à faire annuler les résultats de l'élection –moins de 10% de participation oblige– et à provoquer l'autodissolution de l'Assemblée nationale et la préparation d'une élection constituante. Utopiste et pragmatique à la fois, le pamphlet décrit un printemps 2017 qui chante, sans entrer dans les détails: «Pour l'instant, on commençait par faire exploser le Grand Verrou. On verrait ensuite.»
Si plusieurs prévisions du livre se sont révélées inexactes, notamment le casting de cette campagne présidentielle de toutes les surprises –pas de Cécile Duflot, ni de François Hollande, ni de Nicolas Sarkozy— «les données du problème n’ont pas changé», veut croire Hugues Jallon. «Ces mots et ces humains [impliqués dans la campagne, nldr] sont usés jusqu’à la corde: il faut qu’elle craque», écrit l’auteur, qui ne doit pas se sentir démenti par l’affaire Fillon et les rassemblements qu’elle génère contre la corruption des élus.
Avoir un impact hors des urnes
Dans les faits, certains se sont mis à l’œuvre pour malmener l’élection. Dans la foulée de la mobilisation contre la loi Travail, des militants ont lancé la plateforme Boycott 2017, qui propose d’imprimer des tracts et des affiches pour mener une autre campagne, «anticapitaliste, antifasciste et révolutionnaire». «On ne croit pas qu’un grand sauveur va sortir des urnes», explique Félix, militant en Île-de-France. En tractant sur les marchés, «surtout dans les quartiers populaires», il constate que «beaucoup de gens pensent que ces élections ne sont pas la solution. Nous leur proposons d’autres modes d’engagement, de mener des luttes concrètes. [...] Par exemple, en ce moment, l’affaire Théo touche tout le monde. Sur la question des violences policières, c’est par le bas, par les citoyens, qu’on fera bouger les choses.»
Au-delà des groupes révolutionnaires et anarchistes, la politologue Céline Braconnier, directrice de l’Institut d'études politiques de Saint-Germain-en-Laye et coauteure de La démocratie de l’abstention (2007), constate que des appels à l’abstention se répandent dans de nouvelles sphères:
«La justification politisée de l’abstention s’étend dans des milieux politisés où jusque-là le vote était la norme. Ce discours est valorisé et se diffuse. L’abstention est ainsi compensée par d’autres formes de participation politique: dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans la rue… Ces abstentionnistes trouvent un moyen de contourner les structures partisanes.»
Une autre «contre-campagne présidentielle», Miroir 2017, lancée par des proches de Nuit Debout, veut elle aussi montrer que les candidats ne font pas tout. Cette initiative présente des actions citoyennes qui devancent les propositions politiques. Son slogan: «Les candidats déroulent les promesses? La société civile a déjà ses solutions.»
Agir s'avère indispensable pour Chabanne, étudiant de 26 ans, abstentionniste assumé et serein. Il vit dans une Kaps, une colocation à projets solidaires, en Île-de-France:
«Je ne cautionne pas ce système politique, il repose sur des logiques de partis dépassées. Pour moi, la question du vote est dérisoire, je me place à une échelle plus locale, j’essaye de voir ce que je peux faire avec les gens qui sont autour de moi. À ce niveau, on a vraiment un impact sur les choses. Je crois que les gens sont lassés que les autres agissent pour eux. »
Il n’a voté qu’une fois, à 19 ans, sous la pression de son entourage. Bulletin blanc. Puis il a considéré que «mettre un bout de papier dans une boîte» était «une perte de temps», qu'il valait mieux regarder un film ou aller voir des amis. Il le dit sans défaitisme, sourire aux lèvres, car il compense ce choix par d'autres actions collectives. Certains abstentionnistes restent en revanche impuissants, constate Céline Braconnier:
«Pour la majorité des abstentionnistes, le non-vote n’est remplacé par rien. Ces “inaudibles”, souvent en situation de précarité, n’ont plus les moyens de se faire entendre. On ne les retrouve pas dans les dispositifs de démocratie participative.»
Ou pour le dire autrement, constate la politologue: «L’abstention politique est un épiphénomène, elle se développe dans un milieu doté de ressources.»
«“Des gens sont morts pour que tu puisses voter”, plus personne n’ose sortir cet argument là, si?»
Il n'y aura pas d'élection présidentielle.
ous appelons à la constitution d’un contre-espace public et politique, partout en France, qui rende à son caractère dérisoire tout le spectacle décrépit de la politique. Nous appelons à faire en sorte qu’il n’y ait pas d’élection présidentielle, au sens où, quand bien même quelques irréductibles s’acharneraient à voter, elle sera un non-événement au regard de notre surgissement politique à nous. »
Appel à en finir avec le cirque électoral
Bien de l’eau a coulé sous les ponts depuis que le Parti Socialiste a renoncé à faire son université d’été à Nantes, en réponse à un simple appel à la saborder. Cela survenait au terme de quatre mois au cours desquels le mouvement contre la loi « Travaille ! » avait imposé, semaine après semaine, ses propres échéances, et ses propres termes du débat. Quatre mois durant lesquels toute tentative de masquer les enjeux politiques réels du présent en lançant, à coups de petites phrases ou de révélations insignifiantes, la « campagne présidentielle », fut renvoyée à son néant. Il a suffi de l’été, du gouffre des vacances et de quelques attentats pour permettre à tout ce beau monde de se remettre en selle. L’effet en fut immédiat : le débat public s’est instantanément vautré dans la débilité la plus crasse. À tel point que Marine Le Pen en est venue à jouer la modération et le Premier Ministre à philosopher sur le burkini. Il a suffi que nous ayons le dos tourné pour que les politiciens de tous bords positionnent leurs petites machines électorales et discursives, leurs pathétiques ambitions personnelles, leurs dadas idéologiques désespérés – chacun à sa place, chacun dans son angle, se visant les uns les autres et se tendant réciproquement des pièges où chacun commence par se prendre lui-même. Tout ce spectacle ne mériterait pas notre attention si tout cela n’avait des effets réels sur les rapports entre les êtres et sur notre santé mentale à tous - si tout cela ne créait pas une ambiance irrespirable. Une ambiance plus étouffante encore que celle qui régnait avant le mouvement contre la loi « Travaille ! ».
L’ensemble des « crises » à quoi se ramène, en tous domaines, une description honnête du présent, nous savons bien qu’aucun parti politique ni aucun politicien n’est en mesure d’y faire face. Simplement parce qu’ils tiennent la barre d’un navire qui ne répond plus, et que l’échelle nationale, à la fois trop vaste et trop limitée, est celle de l’impuissance. D’entre toutes, leur prétention à nous « protéger » dans un monde devenu si chaotique est sans doute la plus grotesque et la plus exorbitante. Tout ce spectacle de responsables irresponsables, d’experts ignorants, d’aspirants-chefs infantiles, les espoirs toujours déçus qu’ils s’attachent à rallumer périodiquement, toute la confusion qu’ils répandent, non seulement font partie du problème plutôt que de la solution, mais nous empêchent d’enfin inventer de nouvelles manières de faire. L’état du monde est tel que les guignols de la politique classique ne nous font plus rire. La pièce qu’ils jouent est obscène, et le rôle de spectateur de plus en plus intenable.